De tous les cousins de l’oignon, il est le plus doux. Portrait d’une liliacée au cœur tendre .
Connu depuis des siècles, le poireau (Allium ampeloprasum) a marqué l’histoire de nombreuses civilisations. Les Égyptiens le vénéraient comme un dieu, écrit le poète Juvénal, et les Romains l’ont répandu jusqu’au Royaume-Uni, où il poursuit depuis son florissant destin. Les Écossais en ont fait l’ingrédient essentiel de leur fameuse soupe poulet-poireau (cock-a-leekie soup) et les Gallois, leur emblème. La légende raconte qu’à la veille d’une importante bataille, on avait ordonné aux soldats gallois d’en porter un sur leur casque pour les distinguer de l’ennemi. Leur armée remporta la bataille. C’est pourquoi, aujourd’hui encore, ils arborent fièrement le poireau lors de leur fête nationale et des parties de rugby. Comme l’oignon, l’ail et la ciboulette, le poireau contribue lui aussi à abaisser le taux de cholestérol et à réduire les risques de cancer. Renommé pour la délicatesse de son bulbe et très prisé des gourmets, il relève les plats sans masquer les autres saveurs. Le poireau est facile à cultiver, peu sensible aux insectes et aux maladies et très résistant au froid.
Culture
Semez vos poireaux à l’intérieur, 10 a 12 semaines avant le dernier gel. Un plateau à semis ou des contenants individuels remplis d’un mélange à semis font l’affaire. Semez 3 graines par pot ou alvéole à 6 mm de profondeur. Maintenez la température entre 18 et 21 C durant la période de germination (environ 10 jours) . Lorsque les plantules émergent, disposez-les sous un fluorescent ou devant une fenêtre orientée au sud dans une pièce fraiche. Arrosez régulièrement et fertilisez toutes les deux semaines en réduisant de moitié le dosage recommande. Lorsque les plantules atteignent 2, 5 cm de hauteur, éclaircissez en conservant un spécimen par contenant (le plus vigoureux) , ou un plant tous les 4 cm dans un plateau. Une fois les gros gels printaniers passés, acclimatez vos plants en les exposant graduellement au frais et au soleil direct. Puis, transplantez- les en plein soleil dans un sol fertile et bien drainé, préalablement enrichi d’une bonne quantité de compost ou de fumier composté.
Pour obtenir un poireau à longue partie blanche, il faut blanchir les tiges . Creusez une tranchée ou des trous individuels de 10 cm de profondeur et placez-y vos jeunes plants, espacés de 10 a 15 cm selon les variétés . Enterrez-les jusqu’à l’échancrure de la première feuille, c’est-à -dire plus profondément que dans leur contenant précédent. Arrosez sans détremper jusqu’à ce qu’ils soient bien enracinés. Tout au long de leur croissance, remplissez graduellement les tranchées ou les trous de terre . Une fois le trou comblé, ajoutez encore de la terre en formant de petits monticules autour des plants de manière à couvrir 18 à 20 cm supplémentaires de tige .
Si l’été est très chaud, préférez du foin ou de la paille pour les renchausser : vos poireaux seront plus propres et les risques de pourriture réduits. Une fois par mois, ajoutez du compost ou un engrais organique ou arrosez avec un thé de compost obtenu en laissant infuser toute une nuit un sac de compost dans un seau rempli d’eau. Gardez toujours la terre bien humide et désherbée.
Récolte et conservation
Pour prolonger les récoltes, cultivez à la fois des variétés d’été et d’hiver. Les premières ont une croissance rapide et se récoltent en août; de courte conservation, elles supportent mal le froid. Les poireaux d’hiver sont plus hauts et se conservent mieux. Puisqu’ils supportent le gel, on les récolte tard à l’automne. On prélève les poireaux avec une fourche, en prenant bien soin de ne pas abimer la partie blanche. Si on prévoit les consommer rapidement, on les dépose au réfrigérateur dans un sac de plastique après avoir coupé la racine et le sommet des feuilles. Hachées grossièrement, celles-ci peuvent être congelées pour les soupes. On déterre les poireaux d’hiver après les premiers gels. On en coupe les racines et taille les feuilles pour ne laisser que 8 cm de verdure. Entreposés a 0 C et 95% d’humidité, leur durée de conservation est de 2 à 3 mois.
Insectes et maladies
Les poireaux sont vulnérables aux mêmes insectes et maladies que les oignons . Mais comme ils sont plus résistants, les problèmes se font plus rares.
Thrip de l’oignon
Ce parasite pique les feuilles pour en sucer la sève en laissant des taches argentées. Une infestation sévère peut faire mourir le plant. Vaporisez un savon insecticide au besoin. En guise de prévention, évitez de planter vos poireaux à proximité d’un champ de luzerne ou de céréales. À l’automne, désherbez et retirez les déchets végétaux autour du jardin.
Mouche de l’oignon
La larve creuse des galeries dans la partie souterraine de la tige, faisant jaunir et faner le plant qui finit parfois par pourrir. Pour prévenir la ponte d’oeufs à la base des feuilles, paillez immédiatement après la mise en terre . Détruisez les plants infestés et faites un ménage automnal.
Maladies fongiques
Un bon drainage et une rotation des cultures sur 4 ans (incluant toutes les espèces d’oignons) aident à prévenir leur émergence. Évitez d’arroser en fin de journée. Détruisez les plants infectés et nettoyez bien à l’automne.
Truc du jardinier gourmet
Les plantules rejetées lors de l’éclaircissage peuvent être transplantées à 2, 5 cm les unes des autres : lorsqu’elles atteignent la taille d’un doigt, on les récolte et les mange crues. Les poireaux de plus de 4 cm de diamètre doivent être consommés cuits.
Des variétés de choix
La durée de maturation est calculée à partir du jour de la transplantation .
‘Blue Solaise’ (105 jours) variété d’hiver. Gros, très rustique, bonne conservation. ‘Giant Musselburgh’ (90 jours) variété ancienne d’hiver. tige épaisse et grasse, bonne conservation.
‘Jolant’ (100 jours) variété d’été d’excellente qualité. ‘Lancelot’ (90 jours) variété d’été. Peut être cultivée en rangs serrés pour obtenir de jeunes poireaux à condiments.
‘Maine’ (115 jours) variété d’hiver. Couleur vert bleuté, plant érigé. ‘Tadorna’ (100 jours) variété d’hiver de longueur moyenne.