Les saisons dans la saison

En feuilletant le guide de référence du jardinier, je ne peux m’empêcher de sourire, particulièrement dans la section printanière. En Gaspésie, plus souvent qu’autrement, le jardin dort paisiblement sous un bon couvert de neige en avril et en mai.

Au printemps et en début d’été, on calcule un écart d’environ quatre semaines sur le développement de la végétation par rapport à Montréal. À l’automne, cet écart n’est presque plus perceptible, du moins pour la portion de la région influencée par le fleuve, souvent appelé «mer», parce qu’il est très large à ce point-ci de sa course. En début de saison, cette grande masse d’eau retarde le réchauffement des zones le long du littoral et elle repousse également l’arrivée du froid à la fin de la saison. Dans les secteurs montagneux et à l’intérieur des terres, c’est une autre histoire.

L’architecte ou l’horticulteur qui a fait sa formation dans la région de Montréal est souvent estomaqué lorsqu’il arrive ici en mai ou en juin. C’est une adaptation. Dans les pépinières locales, beaucoup de plantes vivaces proviennent des régions de l’ouest et du sud du Québec. Nous devons donc adapter à notre réalité les informations fournies sur les étiquettes.

Par contre, le fait que la végétation tarde à arriver comporte certains avantages. On évite parfois des infestations d’insectes ou de maladies – parce qu’eux sont déjà prêts à l’attaque, mais les végétaux ne sont tout simplement pas au rendez-vous. Les températures demeurent fraîches et permettent aux fleurs de s’épanouir sur une plus longue période.

Le plus impressionnant, ce sont les amalgames de floraison qui se créent une fois la chaleur arrivée. Le printemps est en version condensée, alors les plantes qui aiment les jours longs pour exhiber leurs fleurs doivent le faire dans un laps de temps beaucoup plus court. Nous assistons à la mise en place de tableaux tout à fait uniques. Actuellement, au début de juin, les pommetiers décoratifs amorcent leur floraison, tandis que les aubriètes et les phlox subulés sont en pleine floraison . Les muscaris et les narcisses perdurent. Ils seront là jusqu’en juin, et même plus, si le temps frais se maintient. Il faudra cependant attendre encore une dizaine de jours avant que les azalées explosent de couleurs. Les lilas les accompagneront et certains visiteurs nous demanderont : «Comment faites-vous pour garder vos lilas en fleurs si longtemps, car chez nous ça fait belle lurette qu’ils ont fini de fleurir?».

Enfin, pour ceux et celles qui adorent le printemps, je vous invite à le revivre une deuxième fois en Gaspésie. Les Jardins de Métis sont ouverts depuis le 31 mai.