Le fraisier des champs

Dans sa flore laurentienne, Marie-Victorin explique que «le fruit est excellent et les confitures qu’on en fait sont une partie notable des conserves dans toute famille canadienne». Le fraisier des champs (Fragaria virginiana) , également nommé fraisier de Virginie à cause de son nom latin, est une vivace herbacée qui produit de très nombreux stolons que nos grands-parents appelaient des «courants».

Ces vigoureuses tiges aériennes permettent à la plante de former aisément de grands tapis de verdure. D’une taille dépassant rarement les 10 cm, le feuillage plus ou moins abondant est formé de feuilles divisées en trois parties distinctes (des folioles) dont le pourtour est orné de nombreuses dents.

Les petites fleurs blanc immaculé comptent cinq pétales . C’est d’ailleurs une caractéristique commune à toutes les espèces de la famille des rosacées dont font partie le fraisier, le framboisier, le pommier, le prunier et l’amélanchier.

La récolte de ces petits fruits délicieux rouge pompier est ardue et exige une grande patience, car il en faut beaucoup pour confectionner une tarte ou remplir un pot de confiture. C’est sans doute ce qui a conduit les agriculteurs à cultiver plutôt un de ses descendants, le fraisier ananassa, issu du croisement entre le fraisier de Virginie et celui du Chili (F. chiloensis) , dont les fruits sont beaucoup plus gros. Cette espèce est peut-être plus productive, mais ce qu’elle a gagné en taille, elle l’a perdu en saveur… Le goût concentré de la fraise des champs est probablement attribuable à son habitat quelque peu hostile qui aurait pour effet de condenser les saveurs.

Implantation rapide

Comme il s’agit d’une espèce peu exigeante, sa culture et sa multiplication sont des plus faciles. Pour en profiter, il faut l’installer dans un sol sablonneux bien drainé. Il est très facile de le multiplier par bouturage des stolons .

Pour ce faire, on maintient au sol une portion de la tige aérienne où se trouve un noeud et du feuillage. Cela s’effectue à l’aide d’un crochet en métal que vous pouvez fabriquer en dépliant un simple trombone à papier. En peu de temps, des racines se forment sous le noeud . Dès lors, on sépare le nouveau plant du plant-mère en coupant le stolon .

Vous pourrez ensuite transplanter le nouveau fraisier à l’endroit voulu. Il est également possible d’effectuer des boutures en prélevant des portions de tiges incluant un noeud et en les plaçant directement dans le sol ou dans des godets de terreau . Cette technique exige d’avantage de soins, car il faut s’assurer d’arroser suffisamment pendant la reprise. Cela permet de produire beaucoup de plants dans relativement peu d’espace.

Le fraisier des champs constitue un couvre-sol très intéressant. Qui plus est, la plante n’exige aucun arrosage une fois bien établie, ce qui la rend idéale pour le xéropaysage, c’est-à -dire les aménagements tolérant la sécheresse.

Autrefois cultivé pour ses petits fruits sucrés, le fraisier des champs compose aujourd’hui un attrayant couvre-sol. Puisque cette espèce résiste aux conditions les plus difficiles non seulement de sécheresse mais également de froid, cultivez-la sur les toits verts. Imaginez un instant votre cabanon de jardin couvert de fraisiers! Si l’envergure d’un tel projet vous rebute, il est aussi possible de cultiver le fraisier des champs dans une parcelle sablonneuse de votre terrain, dans une auge et même dans un ancien carré de sable pour enfants. Dans ce dernier cas, il faudra amender le sable d’une bonne part de compost ou de terre à jardin avant de procéder à la plantation, mais il ne sera pas nécessaire d’enlever le sable. Quelle économie d’efforts.

Plus goûteux que les fraises cultivées, ce petit fruit sauvage est très apprécié de la faune. D’ailleurs on l’utilise dans certains vergers et dans des bleuetières comme couvre-sol, car il nourrit les insectes pollinisateurs nécessaires à une bonne production de fruits . Des oiseaux frugivores de même que certains petits mammifères s’en délectent aussi. C’est sans contredit une espèce qui plaît à tous.