Comment installer les protections hivernales

Comment protéger nos végétaux des rigueurs de l’hiver sans pour autant les ficeler comme des colis? Il existe une méthode de base qui requiert peu de matériel et qui peut s’adapter aux différents végétaux de notre jardin.

Il faut savoir qu’il n’est pas nécessaire de protéger tous les végétaux de notre jardin. En effet, la plupart des plantes rustiques n’ont pas besoin d’être protégées. Toutefois, installer des protections hivernales reste le meilleur moyen de réduire le stress auquel sont soumis les végétaux : nouvellement introduits au jardin; situés à la limite de leur zone de rusticité; placés dans des conditions de culture extrêmes.

Identifier l’ennemi

Pour bien protéger les plantes de notre jardin, il faut d’abord identifier la menace qui pèse sur elles. Contrairement à ce que l’on peut croire, le froid n’est pas leur plus grand ennemi. Il s’agit plutôt : du dessèchement causé par le vent et le soleil; des gels et des dégels consécutifs, fréquents dans la région de Montréal, qui déchaussent les racines; des abrasifs utilisés pour déglacer les routes et les trottoirs.

Mieux vaut prévenir que guérir

Une fois que l’on a bien identifié les difficultés potentielles de notre jardin, la meilleure protection qui soit réside dans une bonne planification de nos plantations : on choisit des végétaux adaptés à leurs conditions de culture et à la zone de rusticité de notre jardin; on évite de placer une plante peu rustique, par exemple un magnolia de Soulange (Magnolia x soulangeiana) , dans une zone très exposée aux vents; on y pense à deux fois avant d’installer une haie en bordure d’une route exposée à de grandes quantités de sels de déglaçage;
sous les toitures, on porte notre choix sur des végétaux à la forme pleureuse ou retombante, comme le mûrier pleureur (Morus alba ‘Pendula’) , plutôt que sur des conifères à port érigé, qui sont vulnérables aux chutes de neige et de glace.

Une bonne planification permet de réduire l’installation de protections hivernales et, du même coup, les risques de pertes de végétaux. Néanmoins, si une planification raisonnée nous incite à choisir des végétaux rustiques et sans tracas, notre cœur penche parfois pour des plantes qui requièrent davantage de soins. Dans ces cas, il faut recourir à des protections adaptées.

Quelle protection utiliser?

Arbustes

Les arbustes à feuillage persistant, dont le houx hybride (Ilex x meserveae) ou le mahonia à feuilles de houx (Mahonia aquifolium) , ainsi que certaines espèces situées à la limite de leur zone de rusticité, comme l’hydrangée à grandes feuilles (Hydrangea macrophylla) , nécessitent une protection hivernale de base.

Protection hivernale de base : étape par étape

1. On recouvre le pied de la plante d’une bonne couche de terre et de paillis (environ 15 cm d’épaisseur) .

2. On plante quatre piquets sur le pourtour du plant.

3. On fixe une clôture à neige autour des piquets.

4. On enveloppe la clôture à neige d’une toile géotextile (conçue à cet effet et offerte dans les centres-jardins) , que l’on fixe en place à l’aide d’une agrafeuse.

On installe notre protection hivernale après les premiers gels, vers le mois de novembre. On la retire au printemps, à la fin de mars ou au début d’avril, de préférence, lors d’une journée nuageuse, pour éviter que la plante ne soit brûlée par le soleil.

Arbres

Les feuillus dont la zone de rusticité est limitée, comme les catalpas (Catalpa sp.) , ont aussi besoin d’être protégés. Dans leur cas, il faut adapter la protection hivernale de base à leurs dimensions.

Certaines espèces de conifères, comme les faux-cyprès (Chamaecyparis sp.) , ou certains hybrides à feuillage doré, sont plus sensibles à l’assèchement provoqué par les vents et auront également besoin d’une protection de base.

Quant aux conifères à port érigé formés de plusieurs troncs, comme les cèdres (Thuja sp.) ou certaines espèces de genévriers (Juniperus sp.) , il peut être utile d’attacher les troncs ensemble de manière à éviter les déformations dues à l’accumulation de neige et de glace. Enfin, à l’automne, il est essentiel de bien arroser nos arbres pour leur fournir les réserves dont ils auront besoin pour passer l’hiver.

Rosiers

Plusieurs rosiers sont rustiques, dont ceux des séries Explorateur et Parkland, les rosiers rugueux (Rosa rugosa , les espèces botaniques et la plupart des rosiers anglais de la collection de David Austin. Il faut toutefois protéger leur pied d’une bonne couche de terre et de paillis (environ 15 cm d’épaisseur) . Par contre, les hybrides de thé, les polyanthas, les floribundas et les grandifloras de même que les rosiers miniatures ne sont pas rustiques . Il faut les protéger.

1. On rabat le rosier à environ 30 cm du sol. 2. On recouvre son pied d’une bonne couche de terre et de paillis (environ 15 cm d’épaisseur) .

3. On recouvre le rosier d’une toile géotextile (conçue à cet effet et offerte dans les centres-jardins) , que l’on fixe solidement au sol à l’aide de piquets. Ou encore, on le recouvre d’un cône en polystyrène, à l’intérieur duquel on peut ajouter des feuilles mortes. Il faut s’assurer que le cône est muni de trous d’aération pour permettre à l’humidité de s’évacuer. On dépose une pierre sur le dessus du cône pour le maintenir en place pendant l’hiver.

Rosiers grimpants

La plupart des rosiers grimpants ne sont pas rustiques et nécessitent une protection hivernale.

1. On détache le rosier de son support. 2. On l’étend sur le sol et on le recouvre d’une couche de terre et de feuilles mortes (de 10 à 15 cm d’épaisseur) .

3. On recouvre le rosier d’une toile géotextile (conçue à cet effet et offerte dans les centres-jardins) , que l’on fixe solidement au sol à l’aide de piquets.

Plantes grimpantes

Si la plupart des plantes grimpantes sont rustiques, certaines espèces, comme la glycine (Wisteria floribunda) , résistent mal à nos hivers. Pour les protéger, on utilise la méthode de protection des rosiers grimpants .

Vivaces

La plupart des vivaces ne nécessitent aucune protection hivernale. On laisse simplement sécher leurs tiges et leur feuillage sur place, et on remet le nettoyage au printemps. Cependant, il faut éliminer les feuilles et les tiges qui sont atteintes de maladies, comme le blanc (ou oïdium) .

Haies

Une haie exposée aux sels de déglaçage doit absolument être protégée.

1. On installe une série de piquets à environ 15 cm de distance des plants de la haie . 2. On recouvre cette armature d’une toile plastifiée (conçue à cet effet et offerte dans les centres-jardins) . Dans le cas d’une haie de conifères, on recouvre uniquement le côté qui fait face à la rue de la toile plastifiée. S’il s’agit d’arbustes feuillus, on recouvre toute la haie de la toile plastifiée. Dans un cas comme dans l’autre, la toile plastifiée ne doit pas toucher le feuillage.

Au printemps, après avoir retiré la toile plastifiée, on arrose le feuillage des arbustes et le sol afin de déloger les sels de déglaçage qui ont pu s’y accumuler pendant l’hiver.

Les erreurs à éviter

Installer une toile plastifiée qui touche le feuillage des végétaux; sinon, les sels de déglaçage risquent de s’introduire par capillarité.

Installer nos protections hivernales trop tôt à l’automne. Les plantes pourraient ne pas avoir le temps de se préparer adéquatement pour l’hiver.

Retirer les protections hivernales trop tard au printemps. Les températures plus douces risquent de provoquer une surchauffe à l’intérieur des enveloppes protectrices.

Étouffer la plante. Il faut lui laisser suffisamment d’air afin d’éviter qu’elle ne souffre de maladies fongiques.

Pour en savoir plus

Les vivaces , par Larry Hodgson, Broquet, 1997, 544 p., 49, 95 $.

Techniques de jardinage , par Albert Mondor, Les Éditions de l’Homme, 2003, 360 p., 39, 95 $.

Sur le site du Jardin botanique de Montréal, (www2.ville.montreal.qc.ca/jardin) , cliquez sur «Le carnet horticole», puis faites une recherche avec les mots «protection hivernale».

Sur notre site www.jardinage.net, cliquez sur la rubrique «Jardinage pratique», puis sur «La protection hivernale».

Nous remercions Robert Mineau, responsable du jardin des arbustes au Jardin botanique de Montréal, pour ses précieux conseils.