Inépuisable source d’inspiration du peintre impressionniste Claude Monet, les nymphéas transforment bassins et étangs en oeuvres d’art.
Aussi appelés lis d’eau, les nymphéas confèrent toujours beaucoup de classe à un plan d’eau. Mais ce n’est pas tout. En plus de jouer un rôle esthétique avec leur impressionnante floraison, ils ombragent l’eau du bassin de leurs larges feuilles, ce qui en garde la fraîcheur, et servent d’abri aux poissons ainsi qu’à certaines larves d’insectes utiles. Ils empêchent également la prolifération des algues dans les étangs, en privant celles-ci du soleil et des éléments minéraux dont elles ont besoin pour vivre.
Hybrides rustiques
De tous les hybrides de nymphéas rustiques sous notre climat, le cultivar ‘Escarboucle’ (Nymphaea ‘Escarboucle’) est sans contredit l’un des plus spectaculaires. Il a été créé en 1909 par l’horticulteur français Joseph Bory Latour-Marliac, le premier à être parvenu à hybrider les nymphéas. Durant tout l’été, ‘Escarboucle’ produit de grandes fleurs odorantes d’un rose foncé, presque rouge, qui mesurent jusqu’à 25 cm de diamètre. Avec le temps, les pétales extérieurs deviennent très pâles, créant ainsi un joli contraste avec ceux du coeur, plus foncés. ‘Pink Sensation'(N. ‘Pink Sensation’)arbore des fleurs plus pâles que celles d »Escarboucle’. Sa floraison est non seulement généreuse, elle dégage aussi un parfum fort agréable.
Avec ses belles fleurs blanches au coeur jaune doré, le nymphéa ‘Gladstoneana’(N. ‘Gladstoneana’)ajoute une touche d’élégance à tout jardin d’eau. Cet hybride odorant possède aussi de grandes feuilles vert foncé, teintées de bronze lorsqu’elles sont jeunes.
Il existe également des cultivars dont les fleurs changent de couleur avec le temps. C’est le cas de ‘Aurora’ (N. ‘Aurora’), dont la superbe floraison jaune abricot légèrement marquée de rouge vire graduellement à l’orange, puis au rouge teinté de pourpre. Le cultivar’Texas Dawn'(N. ‘Texas Dawn’), quant à lui, n’est rien de moins qu’exceptionnel. Ses fleurs jaunes très odorantes sont portées par de solides hampes à plusieurs centimètres au-dessus de l’eau. Elles éclosent en juin et se prolongent jusqu’aux premières gelées d’octobre, soit quelques semaines de plus que la majorité des autres hybrides de nymphéas.
Nymphéa ‘Escarboucle’
Floraison: 06-09, rose très foncé
Largeur du plant: 1,5 m
Profondeur d’immersion: 30-60 cm
Zone 3
Nymphéa ‘Pink Sensation’
Floraison: 06-09, rose
Largeur du plant: 1,2 m
Profondeur d’immersion: 30-45 cm
Zone 3
Nymphéa ‘Gladstoneana’
Floraison: 06-09, blanche
Largeur du plant: 1,8 m
Profondeur d’immersion: 30-60 cm
Zone 3
Nymphéa ‘Aurora’
Floraison: 06-09, jaune tournant à l’orange puis au rouge
Largeur du plant: 80 cm
Profondeur d’immersion: 15-30 cm
one 3
Nymphéa ‘Texas Dawn’
Floraison: 06-10, jaune
Largeur du plant: 1,5 m
Profondeur d’immersion: 30-60 cm
Zone 4
Hybrides tropicaux
Ces nymphéas d’origine tropicale sont fort appréciés pour leurs floraisons remarquables aux teintes plutôt inhabituelles: orange, bleu ou violet. Leurs grandes fleurs sont habituellement portées par de longues tiges qui se dressent à plusieurs centimètres au-dessus de l’eau. Certains cultivars fleurissent le jour, du matin jusqu’à la fin de l’après-midi, tandis que d’autres ont une floraison nocturne: les fleurs s’ouvrent en fin d’après-midi et restent écloses toute la nuit jusqu’au lendemain matin. Parmi tous les cultivars tropicaux à floraison diurne, mentionnons ‘Blue Beauty’ (N. ‘Blue Beauty’) aux étonnantes fleurs bleues à peine violacées et ‘Albert Greenberg’ (N. ‘Albert Greenberg’), à la floraison jaune et rose.
Nymphéa ‘Blue Beauty’
Floraison: 07-09, bleue
Largeur du plant: 1,5 m
Profondeur d’immersion: 30-60 cm
Rusticité: non rustique
Nymphéa ‘Albert Greenberg’
Floraison: 07-09, jaune et rose
Largeur du plant: 1,8 m
Profondeur d’immersion: 30-60 cm
Rusticité: non rustique
Nymphéas indigènes au Québec
Certaines espèces de nymphéas croissent de façon spontanée dans les lacs et les marais du Québec, dont le nymphéa odorant (N. odorata. Au coeur de l’été, il embellit les cours d’eau de ses grandes fleurs blanches au parfum délicieux. Bien qu’il atteigne parfois plus de 1,5 m de largeur, il peut être facilement cultivé dans la plupart des étangs artificiels. Le dessous pourpre de ses feuilles permet de le distinguer du nymphéa tubéreux (N. tuberosa), une espèce qui pousse à l’état sauvage dans l’est de l’Amérique du Nord, dans les lacs et certaines rivières du Québec, ainsi que dans le fleuve Saint-Laurent. En juillet et en août, ses grandes fleurs blanches au centre garni d’étamines jaunes s’épanouissent. On peut également trouver un cultivar odorant aux fleurs jaunes. Il s’agit de ‘Sulphurea Grandiflora’ (N. odorata ‘Sulphurea Grandiflora’), qui produit une floraison spectaculaire durant tout l’été et possède de très grandes feuilles ovales, de couleur verte, marquées de taches brunes.
Nymphéa odorant
Floraison: 07-08, blanche
Largeur du plant: 1,5 m
Profondeur d’immersion: 30-60 cm
Zone 3
Nymphéa tubéreux
Floraison: 07-08, blanche
Largeur du plant: 1,8 m
Profondeur d’immersion: 30-60 cm
Zone 4
Nymphéa odorant ‘Sulphurea Grandiflora’
Floraison: 07-09, jaune
Largeur du plant: 1,5 m
Profondeur d’immersion: 30-60 cm
Zone 3
Les nymphéas APPRÉCIENT…
- le plein soleil;
- une terre argileuse;
- les pastilles fertilisantes.
Et CRAIGNENT…
- les eaux agitées;
- les pucerons
- et la pourriture du collet.
Le vrai nénuphar
Bien que les nymphéas et les nénuphars (Nuphar) soient des plantes aquatiques à feuilles flottantes, on ne doit pas les confondre. Les nénuphars produisent des fleurs aux épais sépales jaunes qui ne ressemblent en rien aux énormes fleurs des nymphéas; elles ressemblent davantage aux boutons floraux des pivoines. En plus d’arborer une floraison jaune tout au long de l’été, le grand nénuphar jaune (Nuphar variegatum), qu’on trouve parfois dans certaines jardineries, possède de larges feuilles ovales, de couleur verte, tachetées de brun. On peut le planter dans les étangs artificiels de bonnes dimensions, dont la profondeur – dépassant les 60 cm – ne permet pas l’établissement des nymphéas.
Grand nénuphar jaune
Floraison: 07-09, jaune
Largeur du plant: 2 m
Profondeur d’immersion: 30-90 cm
Zone 3
Faux lis d’eau
Parmi les autres vivaces aquatiques, le faux lis d’eau (Nymphoides peltata fait penser à un nymphéa miniature, avec ses petites fleurs jaune vif aux marges ondulées, qui mesurent de 5 à 10 cm de diamètre. Attention, toutefois: il faut à tout prix éviter de le planter en milieu naturel ou dans un étang artificiel qui communique avec un plan d’eau naturel, car il peut devenir très envahissant.
Floraison: 07-08, jaune
Largeur: indéfinie
Profondeur d’immersion: 20-40 cm
Zone 5
Culture et entretien
PLANTATION On peut cultiver les rhizomes des nymphéas de deux manières. La première méthode consiste à les planter sous l’eau à un endroit du bassin où les feuilles flottantes recevront au moins six heures d’ensoleillement par jour. Ces végétaux affectionnent les eaux tranquilles, mieux vaut les éloigner des cascades. On les cultive dans une terre argileuse, lourde et pauvre en matière organique ou dans un substrat vendu en sac, spécialement conçu pour les plantes aquatiques. Les rhizomes peuvent être disposés dans des pots ou des paniers de culture troués – une condition obligatoire pour les hybrides tropicaux – et à un angle de 45°, de façon que leur collet soit situé à environ 4 cm au-dessus de la surface du terreau.
Les cultivars de dimension moyenne, dont le feuillage ne dépasse pas 90 cm de largeur, doivent être placés dans des contenants d’environ 30 cm de diamètre, tandis que les cultivars qui font plus de 90 cm de largeur doivent être cultivés dans des contenants de 45 cm de diamètre. On dépose les nymphéas en pot dans le bassin à une profondeur variant de 15 à 60 cm, selon les espèces et les cultivars.
On peut aussi cultiver les nymphéas en pleine terre. Les rhizomes sont alors plantés dans une couche de terre de 20 à 30 cm d’épaisseur déposée directement sur la membrane géotextile qui recouvre la toile imperméable. Si on privilégie cette méthode de plantation, il ne faut pas oublier de vider le bassin de son eau avant d’y introduire la terre et d’y planter les nymphéas. Une fois la plantation terminée, on remplit le bassin avec un jet d’eau fin afin d’éviter de mettre trop de particules de terre en suspension dans l’eau.
MULTIPLICATION Des feuilles qui poussent les unes sur les autres et une floraison peu abondante sont des indices que le plant de nymphéa doit être divisé. Ainsi, la majorité des nymphéas cultivés en pot doivent être divisés après quatre ou cinq ans. La meilleure méthode pour les propager: la division des rhizomes. On procède au printemps, lorsque les feuilles commencent à surgir. On sort le rhizome du contenant et on le nettoie à l’eau claire pour bien voir les racines. On le coupe en plusieurs sections comprenant chacune deux ou trois feuilles. On plante ensuite les rejetons dans des contenants séparés.
PROTECTION HIVERNALE Les hybrides rustiques cultivés en pleine terre peuvent être laissés en place. Par contre, on doit déplacer les nymphéas cultivés en pot dans la partie la plus profonde du bassin – la base de chaque contenant doit être immergée sous environ 60 cm d’eau – avant l’hiver. Les plants qui ont passé la saison hivernale dans le fond de l’étang doivent ensuite être remontés plus près de la surface vers la fin d’avril ou au début de mai. On en profite pour tailler les tiges mortes et pour diviser les plants qui sont trop à l’étroit dans leur contenant.
Quant aux cultivars tropicaux, on doit impérativement les rentrer à l’intérieur vers la fin de septembre ou au début d’octobre, avant que la température ne descende sous les 10°C. On les dépose ensuite dans un grand bac rempli d’eau installé sous un éclairage artificiel. On peut aussi extraire le rhizome du pot, bien le laver, couper toutes les feuilles et les racines, pour ensuite le mettre dans un sac de plastique hermétique rempli de sable humide. On conserve le tout au réfrigérateur jusqu’en mars. À ce moment-là, on remet le rhizome dans un pot qu’on plonge dans un bac rempli d’eau, qu’on installe dans une pièce très ensoleillée ou sous un éclairage artificiel. On réinstalle le nymphéa dans le bassin en juin, une fois les risques de gel passés.
FERTILISATION À la fin d’avril ou au début de mai, il faut fertiliser les nymphéas cultivés en pot qui ont passé l’hiver dans la partie la plus profonde du bassin et qui ont été remontés à la surface (pour plus de détails, voir L’entretien d’un jardin d’eau en page GH5 du guide horticole).
INSECTES ET MALADIES Chaque fois qu’on fertilise les nymphéas, on en profite pour supprimer les feuilles mortes et les fleurs fanées, et pour vérifier si les plants sont la proie des pucerons. Ces petits insectes noirs, qui ne mesurent guère plus de 2 mm de longueur, s’agglutinent à la surface des feuilles durant l’été. Une infestation sévère provoque un jaunissement du feuillage ainsi qu’une diminution de la croissance et de la floraison du plant. Les pucerons passent l’hiver, sous forme d’oeufs, sur les cerisiers et les pruniers. Le printemps suivant, après l’éclosion des oeufs, les jeunes insectes se nourrissent de la sève du feuillage de ces plantes avant d’aller attaquer les nymphéas au début de l’été. Il est donc important de ne pas planter de végétaux appartenant au genre Prunus à proximité d’un étang artificiel. Lorsque les nymphéas sont infestés, on peut arroser les feuilles à quelques reprises avec un jet d’eau puissant pour déloger les pucerons et les noyer. Si le problème persiste, on les traite avec un savon insecticide trois ou quatre fois par semaine pendant une quinzaine de jours. Il faut éviter d’employer des pesticides, y compris ceux à base de roténone ou de pyréthrine, pour ne pas affecter la santé des poissons et des grenouilles.
Les nymphéas sont aussi vulnérables à la pourriture du collet, une maladie fongique qui se propage très facilement d’un plant à l’autre. Il faut donc intervenir rapidement pour l’éradiquer. Les symptômes à surveiller:
- Les bourgeons floraux pourrissent avant d’atteindre la surface.
- Les feuilles et les tiges deviennent molles et noircissent du bas vers le haut.
- Les jeunes feuilles n’atteignent pas leur pleine dimension et jaunissent rapidement après leur formation.
- Le plant dégage une odeur fétide et son rhizome se décompose facilement au toucher.
Trois conditions permettent habituellement de prévenir l’apparition de cette maladie. D’abord, il faut que les nymphéas soient exposés au plein soleil et fertilisés régulièrement. Ensuite, il est important de ne pas blesser les rhizomes lors de la plantation et de bien stériliser les outils qu’on utilise lorsqu’on divise ces plantes. Le meilleur moyen d’empêcher cette maladie et d’éviter qu’elle ne se propage est de sortir les plants atteints du bassin dès l’apparition des premiers symptômes et de les jeter aux ordures. L’utilisation de fongicides naturels ou synthétiques dans le bassin est à proscrire. Bien que cela soit habituellement peu efficace, si on décide de traiter nos nymphéas avec un fongicide naturel à base de cuivre, comme le Bordo, il faut se rappeler de toujours le faire à l’extérieur du plan d’eau.
De beaux mariages
Les nymphéas (Nymphaea) s’associent particulièrement bien aux fleurs bleues de la pontédérie à feuilles cordées (Pontederia cordata) ainsi qu’aux fleurs blanches du ményanthe trifolié (Menyanthes trifoliata) et de la sagittaire à larges feuilles (Sagittaria latifolia). Le grand nénuphar jaune (Nuphar variegatum) et les nymphéas indigènes, comme le nymphéa odorant (Nymphaea odorata), forment également un mariage parfait. Mais rien n’est plus beau qu’un étang couvert de divers cultivars de nymphéas dont les teintes s’harmonisent.
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