Adeptes de la procrastination, réjouissez-vous! Il n’est pas trop tard pour planter les arbres, arbustes, vivaces et autres végétaux rustiques qui vous font envie. Au contraire, l’automne est la saison idéale pour mettre en terre plusieurs d’entre eux.
Donc, si vous avez retardé l’aménagement de la nouvelle plate-bande ou omis la plantation de quelques arbustes au printemps dernier, vous disposez d’un sursis de près de six semaines avant le premier gel sévère pour le faire.
Ce qui signifie que, dans plusieurs régions, vous pourrez procéder jusqu’en octobre, parfois même jusqu’au début de novembre. Ce faisant, vous pourrez aussi vous prévaloir des aubaines saisonnières de votre jardinerie locale, un avantage supplémentaire non négligeable.
La seule véritable raison qui nous incite à faire les plantations au printemps est que… c’est la tradition! À l’époque où la platebande standard ne contenait que des annuelles, c’était la norme, car celles-ci ne vivent qu’une saison. Il fallait et il faut toujours les planter au printemps. Depuis que les vivaces ont gagné en popularité, l’habitude s’est maintenue. Pourtant, la plupart d’entre elles, à l’instar de nombreux arbres et arbustes, réagissent mieux à une mise en terre automnale.
Pourquoi? L’explication est simple : au printemps, les racines des plantes fraîchement installées sont enfouies dans un sol encore froid, ce qui nuit à leur développement. Cette étape est rapidement suivie de températures chaudes qui stimulent la formation des feuilles et des fleurs au détriment des racines. Puis viennent les sécheresses estivales peu propices à la croissance racinaire . Par conséquent, beaucoup de végétaux plantés au printemps n’arrivent pas à s’établir adéquatement et sont soumis à un stress prolongé dès leur première saison au jardin.
À l’automne, par contre, les conditions s’inversent : le sol est réchauffé, la pluie généralement plus abondante et l’évaporation plus faible. Cette combinaison équilibrée de chaleur et d’humidité favorise la croissance des racines, laquelle se poursuit tard en saison, bien après que les parties aériennes aient amorcé leur dormance.
Prenons l’exemple d’une vivace : un sujet planté à l’automne atteindra sa taille réelle au cours de l’été suivant, alors qu’un autre installé au printemps mettra deux ou trois étés pour y arriver. On observe le même phénomène chez plusieurs arbres, arbustes et conifères, bien que la différence soit moins remarquable.
En outre, on entend souvent qu’il vaut mieux planter au printemps les vivaces à floraison automnale. Cet énoncé est à demi vrai : un sujet en boutons ou en fleurs mis en terre au printemps pourrait avoir du mal à s’établir, car il dispose rarement de l’énergie requise pour aussi produire de nouvelles racines. Il s’expose donc à des dommages hivernaux plus sévères. La solution consiste à éliminer les fleurs dès la plantation en rabattant la touffe de moitié. Ainsi, la plante développera des racines robustes et s’adaptera plus rapidement à son nouveau milieu. On peut traiter de cette façon le chrysanthème d’automne (Chrysanthemum x grandiflorum) , l’anémone du Japon (Anemone x hybrida et autres) et l’aster (Aster sp.) .
La pose de la pelouse
L’automne est aussi propice à l’établissement d’une pelouse : l’enracinement est plus rapide et les chances de reprise excellentes. L’air frais réduit l’évaporation de même que la croissance du feuillage, ce qui donne aux racines le temps de s’implanter. Les semis et les plaques de gazon croissent suffisamment pour bien paraître, mais réservent leur pousse vigoureuse pour le printemps suivant : grâce à leur système racinaire profondément ancré, ils survivent aisément aux périodes de sécheresse. Le semis ou la pose doivent être exécutés au moins huit semaines avant le premier gel sévère, soit à la fin d’août ou en septembre.
Semez tard, semez bien
Le semis d’automne est un art presque oublié qu’il vaut la peine de redécouvrir. Dans la nature, les graines – de vivaces, d’annuelles, d’arbres ou d’arbustes – tombent presque toutes à l’automne pour germer au printemps suivant. D’ailleurs, celles de plusieurs plantes rustiques germeront peu ou pas du tout si elles n’ont pas subi une longue période de froid. Pourquoi alors ne pas faire l’essai d’un semis automnal? Plusieurs annuelles dont le pois de senteur, la lavatère, le cléome, la pensée, la dauphinelle, le chou ornemental et le muflier germent mieux lorsqu’on les sème en pleine terre à l’automne. C’est aussi le cas de toute plante identifiée comme une «annuelle rustique» dans les catalogues de semences, ce terme décrivant précisément une plante annuelle que l’on peut semer en cette saison.
Secrets d’une plantation automnale
Plus qu’une alternative acceptable pour jardiniers négligents, la plantation tardive s’avère le moyen idéal d’assurer le bien-être de nombreuses plantes.
Creusez un trou aussi profond et trois fois plus large que la motte racinaire . Amendez le sol si vous le jugez nécessaire. Si des racines font le tour de la motte, détachez-les délicatement et dirigez-les vers l’extérieur.
Déposez la plante au centre du trou, puis ajoutez une ou deux pincées d’inoculant mycorhizien pour assurer une meilleure reprise.
Comblez le trou de terre, tassez doucement et arrosez abondamment.
Appliquez ensuite une couche de 5 à 10 cm de paillis, comme du compost, des feuilles déchiquetées ou du terreau de feuilles. Le paillis préserve la chaleur du sol, ce qui prolonge la durée de l’enracinement et prévient le déchaussement sous l’action du gel et du dégel pendant l’hiver.
Arrosez au besoin jusqu’aux gelées de manière à maintenir l’humidité du sol, sans jamais le détremper, jusqu’à la toute fin de la saison de croissance.
À planter à l’automne
Voici quelques plantes ligneuses et herbacées qui profitent particulièrement d’une plantation automnale.
espèces ligneuses
Aubépine (Cratægus sp.) Catalpa (Catalpa sp.) Épinette (Picea sp.) Érable (Acer sp. – sauf l’érable du Japon, A. palmatum) Frêne (Fraxinus sp.) Marronnier (Aesculus sp.) Orme (Ulmus sp.) Phellodendron de l’Amour (Phellodendron amurense) Physocarpe (Physocarpus sp.) Pin (Pinus sp.) Pommetier (Malus sp.) Tilleul (Tilia sp.) Viorne (Viburnum sp.)
vivaces herbacées
Alchémille (Alchemilla sp.) Astilbe (Astilbe sp.) Bergénia (Bergenia sp.) Hémérocalle (Hemerocallis sp.) Hosta (Hosta sp.) Joubarbe (Sempervivum sp.) Lis (Lilium sp.) Marguerite (Leucanthemum sp.) OEillets (Dianthus sp.) Pavot d’Orient (Papaver orientale) Phlox (Phlox sp.) Pivoine (Pæonia sp.)
Attendez au printemps
Malgré les nombreux atouts d’une plantation automnale, plusieurs plantes trouvent avantage à être mises en terre plus tôt en saison. Lentes à s’établir, certaines requièrent une longue période de croissance afin de produire un système racinaire adéquat pour résister à l’hiver. D’autres développent peu de racines très longues, qui mettent du temps à s’étaler. Enfin, mieux vaut exclure des plantations tardives tous les végétaux de rusticité limitée.
espèces ligneuses
Bouleau (Betula sp.) Charme (Carpinus sp.) Chêne (Quercus sp.) If (Taxus sp.) Magnolia (Magnolia sp.) Ostryer (Ostrya sp.) Pruche (Tsuga sp.) Rhododendron et azalée (Rhododendron sp.) Sapin (Abies sp.) Saule (Salix sp.)
vivaces herbacées
Fraxinelle (Dictamnus albus) Hellébore (Helleborus sp.)